lundi 21 décembre 2015
vendredi 18 décembre 2015
Ouverture de la première salle de cinéma et de théâtre à Douar Hicher Un premier pas vers la décentralisation de la culture pour tous
“Nous sommes ici” à Douar Hicher
L’association « Fanni Roghman Anni »
« mon art malgré moi » a inauguré le 18 décembre 2015 la
première salle de théâtre et de cinéma au collège Ibn Rachik à Douar Hicher ,
LaManouba, qui a été construite dans le cadre du projet "Nous sommes
ici", en présence de représentants de l'ambassade d'Allemagne à Tunis
et des cadres des Ministères de l'Education et de la Culture
partenaires du projet ainsi que des représentants de la société civile, des
artistes et des journalistes.
Nous sommes ici à Douar Hicher est une initiative artistique pour lutter contre
l’extrémisme et la violence tout en sachant que cette zone est totalement absente
sur la carte culturelle du ministère de
la Culture.
Douar Hicher s’est transformé en
zone évitée par les citoyens alors qu’elle est pleine d' artistes potentiels,
d' enfants et de jeunes qui ne trouvent pas d’espaces pour se défouler , s’exprimer
et créer, loin des dangers d'embrigadement.
Le projet
Nous sommes ici est un nouveau projet de l'Association «Fanni Roghman Anni » en
partenariat avec l'ambassade d'Allemagne et le ministère de l'Éducation et qui
consiste en la construction de salles de cinéma et de théâtre au sein des
établissements d'enseignement primaire et secondaire, surtout dans les régions
défavorisées qui souffrent du manque d'activités culturelles.
Fanni Raghman Anni : Mon art
malgré moi !
Le concept Fanni Ragman Anni a
émergé en 2011 comme un groupe ou mouvement de protestation à travers
l'art, Il s’est ensuite transformé en
association culturelle indépendante fondée en 2013. Il travaille à réactiver la
rue tunisienne comme expression politique en créant des espaces ouverts,
artistiques et culturels. Pour cela, il développe les capacités techniques des
jeunes talents des 2 sexes dans les quartiers populaires et marginalisés ; il
les aide à développer et à renforcer leurs expériences en leur offrant des
possibilités de production de spectacles interactifs. Le montage de projets se concentre
sur des zones culturellement marginalisées. Ce travail vise principalement à
défendre les droits humains, enraciner
les principes de la démocratie et contribuer à la décentralisation
culturelle.
Tout ça pour ça ? “Révolution” tunisienne, 5 ans déjà
كل هذا من أجل هذا؟ "الثورة" التونسيّة، بالكاد خمس سنوات
par FG, Basta Yekfi!, 17/12/2015Italiano Tutto questo per questo?
Ormai al quinto anno dalla “rivoluzione” tunisina
English All that for this?
The Tunisian "Revolution", 5 years later
Español ¿Todo esto para eso?
“Revolución” tunecina, 5 años ya
Les guillemets s'imposent pour qualifier les événements qui, déclenchés par l'auto-immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, seront accélérés par sa mort le 4 janvier 2011 et conduiront à la fuite précipitée du dictateur Ben Ali, sur les bons conseils des habituels amis qui vous veulent du bien, le vendredi 14 janvier 2011. Un soulèvement qui ne fait aucun mort chez l'ennemi, mais 300 chez les insurgés, est tout sauf une révolution. Une révolution qui ne coupe aucune tête n'en est pas une. C'est pourquoi on a inventé, entre Paris et Bruxelles, le joli qualificatif de "révolution de jasmin", variante tour operator des révolutions de velours, orange et autres couleurs de l'arc-en-ciel vu des centres de commandement du monde.
Cinq ans après la phase 1.0, les Tunisiens attendent toujours la phase 2.0.
Que constatent-ils ?
1- Ils ont une nouvelle Constitution. Très bien, mais ça ne donne pas à manger. L'homme veut avoir du pain, oui, il veut avoir du pain tous les jours/L'homme veut avoir du pain, du pain et pas de discours, pour le dire à la manière de Brecht.
Que constatent-ils ?
1- Ils ont une nouvelle Constitution. Très bien, mais ça ne donne pas à manger. L'homme veut avoir du pain, oui, il veut avoir du pain tous les jours/L'homme veut avoir du pain, du pain et pas de discours, pour le dire à la manière de Brecht.
"Merci, M. Le Président", photo (2011) de Fakhri El Ghezal, qui purge actuellement une condamnation à un an de prison pour détention de cannabis
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2-Ils sont gouvernés par des fossiles dirigés par un dinosaure qui vient de fêter son 89èmeanniversaire. Conscient qu'il n'est pas immortel, l'occupant du Palais de Carthage est donc affairé à préparer sa succession dynastique : son fiston étant un jeunot (il n'a que 54 ans) est promis à un bel avenir. Évidemment toutes ces manigances présentent quelques inconvénients, entre autres elles ont déclenché une bronca au sein du parti au pouvoir, qu'un paquet de députés ont quitté en claquant la porte, mais, plus grave encore, elles laissent peu de temps pour s'occuper des vraies affaires du pays, à commencer par les kamikazes en roue libre qui font ce qu'ils veulent, vu que la police n'a ni formation, ni directives claires ni feuille de route pour étouffer ce qu'on appelle le terrorisme.
3- La police, justement, parlons-en. Elle fait à peu près n'importe quoi. Agit-elle de son propre chef ou obéit-elle aux ordres ? Les deux, mon capitaine. Dans un cas comme dans l'autre, le résultat est le même : le sentiment d'insécurité général est parfaitement justifié. Tout jeune Tunisien, indépendamment de son look et de son sexe, est aujourd'hui, un gibier en sursis. Il suffit de suivre la chronique des événements courants. Un tiers des 30 000 prisonniers du pays aujourd'hui sont des jeunes condamnés ou en attente de jugement pour détention ou consommation de cannabis. En un peu plus de 3 ans, l'appareil policier a renouvelé le stock qui avait été vidé par des libérations de masse après la "révolution". Le citoyen de base se pince en se demandant s'il rêve ou est bien éveillé : "Avec Daech à nos portes et parmi nous, ils font la chasse aux fumeurs de zetla ? Ils sont tombés sur la tête ou quoi ? " Et voilà que la marchandise humaine livrée dans les taules est maintenant complétée par les pédés. Les condamnations à 3 ans de prison pour "sodomie" pleuvent. Pour compléter le tableau, ajoutons le harcèlement de tout ce qui bouge du côté des porteuses de seins; on ne sait jamais, elles pourraient s'aviser de les montrer pour protester contre la merde dominante et ambiante. Bref, pour parler comme au moins 75¨% des Tunisiens et Tunisiennes, on peut poser la question : "Alors, cette révolution ça vient ?"
"Il a neigé" (2012), d'Atef Maâtallah, qui purge actuellement une condamnation à un an de prison pour détention de cannabis
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4-Mais tout cela n'est que détail au vu de la situation réelle de la masse du peuple : le prix de l'huile d'olive a pratiquement triplé en 4 ans, les autres prix ont tous augmenté vertigineusement. Les salaires ont à peine suivi, pour ceux qui en ont, ce qui n'est pas le cas de la moitié de la jeunesse. Le tourisme s'est effondré, Frontex a dressé un mur électronique pratiquement infranchissable en Méditerranée, et le maigre budget de l'État suffit à peine à payer les intérêts de la dette héritée de la dictature – une proposition de loi déposée à l'Assemblée constituante pour réaliser un audit de cette dette a fini aux oubliettes -, à laquelle s'est ajoutée la nouvelle dette contractée par le régime "démocratique" (1,7 milliard de $). Bref, il faut avoir une sacrée dose d'optimisme pour imaginer un futur quelconque.
Tunisie, "No future" ?
Le peuple répondra à cette question. Restez connecté-es, vous n'êtes pas au bout de vos surprises.
jeudi 17 décembre 2015
Libération d’ Afraa, l’élève mineure arrêtée au Kef
Afraa, l’élève mineure arrêtée hier par la police au Kef, a été libérée aujourd’hui, après avoir comparu devant le procureur.
C’est ce qu’a indiqué Fadhel Bedhiefi, président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) du Kef. Elle pourra enfin rentrer à la maison après cette mésaventure qui aura duré près de 24 heures. Néanmoins elle devra comparaître devant la juge en présence d’un délégué de protection de l’enfance pour outrage à un fonctionnaire public et agression via les réseaux sociaux. .
Afraa Ben Azza (17 ans) avait participé hier à un rassemblement pour dénoncer la destruction du café Sidi Boumakhlouf du Kef, considéré par les habitants de la ville comme un patrimoine.
Son arrestation a été dénoncée par le président de la république Béji Caid Essebsi et a suscité de vives critiques des activistes de la société civile qui ont lancé une campagne de soutien à la jeune fille.
Le ministre de l’Intérieur Najem Gharsalli a, de son côté, ordonné l’ouverture d’une enquête pour comprendre les circonstances de cette affaire.
mardi 15 décembre 2015
En Tunisie, touche pas à ton pote, sinon gare à la police !
Une jeune fille a rapporté que sa sœur a été emmenée au poste de police pour avoir tenu le bras de son camarade devant le lycée.
Cela se passe bien en 2015 et en Tunisie, et précisément dans un lycée d’El-Menzah, à Tunis.
Selon Faten Somrani, qui a évoqué sur son compte Facebook la mésaventure de sa sœur, des policiers ont emmené cette élève et son camarade au commissariat. On leur a reproché de s’être tenu par le bras devant le lycée. «Elle lui attrape le bras pour le pousser (aucun flirt, pas même un petit smack, bref aucun contact physique)», a écrit Faten Somrani.
Sur le chemin qui mène au commissariat, le policier a cru devoir réprimander l’adolescente, lui disant que si elle était sa fille, il l’aurait tuée et que son père devrait avoir honte d’avoir une fille pareille qui ne fait pas honneur à sa famille.
«Au poste de police, le ton devient plus dur et plus agressif. Les agents lui confisquent son téléphone et lui disent qu’elle n’a pas le droit d’appeler sa mère. Ils menacent de l’emmener passer 3 nuits en détention avant de passer devant le juge», raconte encore Faten Somrani.
L’élève a finalement été relâchée, mais on a menacé de la trainer en justice si elle récidive.
lundi 14 décembre 2015
الحكم على ستة طلبة مثليين في تونس بالسجن والإبعاد عن مدينتهم القيروان لخمس سنوات
قضت محكمة في مدينة القيروان نهاية الأسبوع الماضي بسجن 6 طلبة
بثلاث سنوات لكل واحد منهما، مع إبعادهم عن الولاية لمدة خمس سنوات بعد قضاء عقوبتهم الحبسية، وذلك وفق ما أكدته جمعيات حقوقية، منها جمعية شمس، المدافعة عن حقوق المثليين.
حكم إبعاد المتابعين عن مدينتهم لخمس سنوات أثار انتقادات حقوقية كبيرة، لا سيما أنه نادر الحدوث، زيادة على استمرار مطالب الحقوقيين برفع التجريم عن المثلية الجنسية في تونس، واعتبارها شأنًا فرديًا خالصًا، في وقت تنادي فيه تيارات محافظة باستمرار التجريم.
وقالت جمعية شمس في بيان لها إن واحدًا من الطلبة الستة تم الحكم عليه بستة أشهر إضافية بمبرّر أن الشرطة وجدت في حاسوبه شريطًا مخلًا بالآداب، داعية المجتمع المدني إلى التحرك من أجل الإفراج عن الطلبة المعتقلين، خاصة وأنه قد تم تعريضهم إلى "فحص الشرج"، الذي يتعرّف من خلاله الطب الشرعي إلى حقيقه مثلية المتهم.
ويتابع الطلبة المعتقلون بالفصل 230 من المجلة الجنائية، إذ تجرّم تونس ما تصفه بـ"اللواط والمساحقة"، وتعاقب عليهما بما يصل إلى 3 سنواتا سجنًا.
وقد سبق لوزير العدل السابق، محمد صالح بن عيسى، أن صرّح بأن هذا الفصل يتناقض مع حقوق الإنسان، ممّا كان أحد الأسباب التي أدت إلى إعفائه من منصبه.
"هذا حكم قاسٍ في حق الشباب التونسي الذي يعيش حملة تضييق كبرى على الحريات في شتى الأشياء، في اليوم الذي تحتفل فيه تونس بجائزة نوبل للسلام يصدر هذا الحكم، بالتالي أي سلام وأي أمان نحتفل به؟ فلا ديمقراطية في بلد لا تحترم فيه حقوق الأقليات سوى كانت جنسية أو دينية " يقول هادي ساحلي، نائب رئيس جمعية شمس
ويضيف "مصدر الإصرار على معاقبة المثليين التونسيين هو القانون الجنائي وأيضًا تصريحات رئيس الجمهورية الذي قال إن الفصل 230 لن يلغى، وكذلك تصريحات بعض الإعلاميين ونواب الشعب الرافضين لرفع التجريم عن المثلية
dimanche 13 décembre 2015
Selon Shams Kairouan : 6 personnes condamnées à 3 ans de prison et bannies de la ville pour homosexualité
L’association Shams pour la défense des droits LGBT a informé, dans un communiqué publié, ce samedi 12 décembre 2015, que six détenus du foyer de Rakkada ont été condamnés le 10 décembre à 3 ans de prison pour homosexualité par le tribunal de Kairouan, et ce après avoir subi des tests anaux pour prouver leur culpabilité.
L’association a indiqué que l’un des prévenus a été condamné à 6 mois de prison de plus pour outrage à la pudeur pour des séquences vidéo trouvées par la police sur son PC.
Toujours selon Shams, le tribunal a ordonné que les six individus soient bannis de la ville de Kairouan, pendant cinq ans, décision qui entrera en vigueur après l’accomplissement de leurs peines de prison.
L’association Shams s’insurge contre ce verdict qu’elle juge injuste et appelle la société civile à se mobiliser pour la libération des six détenus. Elle condamne l’utilisation de l’article 230 pour restreindre les libertés individuelles et l’intrusion dans la vie privée des citoyens.
1 an de prison pour les trois artistes Fakhri El Ghezal, Ala Eddine Slim & Atef Maatallah
Le comité de soutien des trois artistes Fakhri El Ghezal, Ala Eddine Slim & Atef Maatallah a publié un communiqué dans lequel il a expliqué comment les trois artistes ont été emprisonnés à cause d’accusations infondées de détention de stupéfiants.
Le communiqué précise ce qui suit:
"Jeudi 19 novembre 2015. Ala Eddine Slim et Yosra Nafti, sa femme enceinte de 8 mois, reçoivent Fakhri El Ghezal et Atef Maâtallah dans leur domicile. Deux heures plus tard, une quinzaine de policiers armés font une descente dans le domicile et embarquent les quatre amis. Le mardi 8 décembre, Atef, Ala et Fakhri ont été condamnés à un an de prison pour détention de stupéfiants.
Trois amis artistes, ayant consacrés leur vie à leurs pratiques et leurs travaux, grâce à qui le pays s’est retrouvé présenté, distingué et honoré dans les musées, les festivals et les médias les plus prestigieux au monde, aux casiers judiciaires vierges, instaurant et installant, à travers leurs œuvres, des valeurs de liberté, de solidarité et d’humilité, sont soupçonnés de mener des activités terroristes.
Le mandat de perquisition émis par le procureur de la république de Nabeul stipule explicitement les soupçons de la police quant à des activités terroristes dans le domicile d’Ala Eddine Slim. Les éléments à charges : des individus barbus qui viennent souvent rendre visite au couple. Ce jeudi-là, la police croit avoir les preuves suffisantes. Deux individus arrivent chez Ala et Yosra, l’un d’eux est barbu (Atef) et l’autre transporte un sac « étrange » (Fakhri). C’est à cause de ce sac que le mandat est émis et la descente effectuée. Ce sac contient une caméra Panasonic que Fakhri utilise pour entamer un nouveau projet de film.
La police oriente alors l’affaire non plus pour la mission officielle qui s’est avérée bâties sur des informations erronées, mais vers une affaire de stupéfiants.
Ala, Fakhri et Atef passent devant le procureur de la république le mercredi 25. Ce dernier les fait passer devant le tribunal de première instance de Nabeul le mardi 1 décembre. Devant le juge, Fakhri, Atef et Ala nient tous trois avoir consommé du cannabis et défendent leur droit constitutionnel de disposer de leur corps et de ne pas s’assujettir au test urinaire.
Le PV de la police avance des éléments contradictoires et comporte plusieurs éléments de vice de forme. Le juge déclare un non-lieu pour consommation de stupéfiants mais condamne malgré tout Ala Eddine Slim, Fakhri El Ghezal et Atef Maâtallah à un an de prison ferme et une amende de 1000 dinars chacun pour détention de stupéfiants. Ce qu’ils nient fermement.
Ils rejoignent ainsi la dizaine de millier de détenus incarcérés dans les prisons tunisiennes à cause de la Loi 52 du 18 mai 1992. Une loi unique dans le code pénal tunisien : aucune circonstance atténuante envisageable ni possibilité de sursis. Une loi qui utilise des données personnelles et la violation de l’intégrité physique pour l’obtention de soi-disant preuves matérielles. Une loi qui criminalise une substance et fait de son consommateur un délinquant alors que la substance elle-même est moins nocive que la cigarette et l’alcool et qu’elle peut en plus être bénéfique puisqu’elle est transformée en médicaments et prodiguée comme complément de soin à une dizaine de maladies (dans plus d’une vingtaine de pays de part le monde).
La cigarette et l’alcool font des dizaines de milliers de morts chaque année dans ce pays alors qu’elles se vendent légalement et que l’Etat encaisse des taxes astronomiques grâce à elles. Le cannabis, qui ne fait absolument aucun mort ni en Tunisie ni de part le monde, rempli les prisons à hauteur du tiers de la population carcérale environ. Les substances qui tuent remplissent les comptes de l’Etat et une substance qui soigne envoie son consommateur au moins un an en prison (la peine étant de un à trois ans). Des institutions carcérales communément considérées par les autorités elles-mêmes comme surpeuplées et globalement considérées par les ONG internationales et les observateurs tunisiens comme extrêmement difficiles à vivre et comme usines à créer des frustrations sociales et des tentations extrémistes.
L’application souvent zélée et liberticide de cette loi rétrograde (Adnène Meddeb et Amine Mabrouk ont été condamné à un an de prison pour simple possession d’un paquet de feuilles à rouler) par un Etat se disant « en guerre contre le terrorisme » qui ne sait pas ou ne veut pas savoir que le djihadisme contemporain (type Daech) est né et prolifère en prison est au mieux de l’inconscience d’Etat, au pire de la complicité avec la diffusion de la pensée djihadiste.
Nous ne soutenons pas Atef Maâtallah, Fakhri El Ghezal et Ala Eddine Slim parce qu’ils sont parmi les artistes tunisiens les plus intéressants, talentueux, prometteurs et distingués de leur génération, ni parce qu’ils ont offert à ce pays infiniment plus qu’il ne leur a offert en retour, nous les soutenons car ils sont victimes d’un fiasco policier les prenant pour des terroristes puis justifiant ce fiasco par l’accusation fallacieuse de consommation de cannabis. Nous les soutenons parce que le rapport de police est rempli d’inexactitudes, de contradictions et de pièces ajoutées au dossier par miracle une heure avant l’audience alors que les prévenus étaient incarcérés depuis 19 jours.
Nous les soutenons car ils sont victimes d’une loi vieille de 23 ans qui remplie les prisons d’innocents pour les transformer en criminels ou en terroristes puis les relâcher pour qu’ils remplissent les rues de violence. Nous les soutenons et soutenons sans exception tous les consommateurs détenus à cause de la Loi 52 car les statistiques officielles fournies par les Etats et les études sérieuses et de longue haleine menées par des scientifiques éminents, prouvent sans l’ombre d’un doute possible aujourd’hui que le cannabis est une substance infiniment moins nocive sur le plan de la santé publique mais aussi de l’équilibre personnel que des dizaines de produits et de médicaments vendus en toute légalité dans les commerces et les pharmacies.
Nous soutenons les milliers et les milliers de victimes de cette loi inique et absurde et demandons à ce que les promesses électorales du parti au pouvoir et du président en exercice soient respectées immédiatement en ce qui concerne la refonte totale la révision à la baisse de la Loi 52 en bannissant l’incarcération des consommateurs et en concentrant les efforts de l’Etat contre les réseaux, les trafiquants et les barons de la corruption et de la drogue plutôt que contre les simples citoyens qui consomment ce qui se vend à tous les coins de rues".
Tunis, le 12 décembre 2015
Le comité de soutien à Fakhri El Ghezal, Ala Eddine Slim & Atef Mâatallah
Trois amis artistes, ayant consacrés leur vie à leurs pratiques et leurs travaux, grâce à qui le pays s’est retrouvé présenté, distingué et honoré dans les musées, les festivals et les médias les plus prestigieux au monde, aux casiers judiciaires vierges, instaurant et installant, à travers leurs œuvres, des valeurs de liberté, de solidarité et d’humilité, sont soupçonnés de mener des activités terroristes.
Le mandat de perquisition émis par le procureur de la république de Nabeul stipule explicitement les soupçons de la police quant à des activités terroristes dans le domicile d’Ala Eddine Slim. Les éléments à charges : des individus barbus qui viennent souvent rendre visite au couple. Ce jeudi-là, la police croit avoir les preuves suffisantes. Deux individus arrivent chez Ala et Yosra, l’un d’eux est barbu (Atef) et l’autre transporte un sac « étrange » (Fakhri). C’est à cause de ce sac que le mandat est émis et la descente effectuée. Ce sac contient une caméra Panasonic que Fakhri utilise pour entamer un nouveau projet de film.
La police oriente alors l’affaire non plus pour la mission officielle qui s’est avérée bâties sur des informations erronées, mais vers une affaire de stupéfiants.
Ala, Fakhri et Atef passent devant le procureur de la république le mercredi 25. Ce dernier les fait passer devant le tribunal de première instance de Nabeul le mardi 1 décembre. Devant le juge, Fakhri, Atef et Ala nient tous trois avoir consommé du cannabis et défendent leur droit constitutionnel de disposer de leur corps et de ne pas s’assujettir au test urinaire.
Le PV de la police avance des éléments contradictoires et comporte plusieurs éléments de vice de forme. Le juge déclare un non-lieu pour consommation de stupéfiants mais condamne malgré tout Ala Eddine Slim, Fakhri El Ghezal et Atef Maâtallah à un an de prison ferme et une amende de 1000 dinars chacun pour détention de stupéfiants. Ce qu’ils nient fermement.
Ils rejoignent ainsi la dizaine de millier de détenus incarcérés dans les prisons tunisiennes à cause de la Loi 52 du 18 mai 1992. Une loi unique dans le code pénal tunisien : aucune circonstance atténuante envisageable ni possibilité de sursis. Une loi qui utilise des données personnelles et la violation de l’intégrité physique pour l’obtention de soi-disant preuves matérielles. Une loi qui criminalise une substance et fait de son consommateur un délinquant alors que la substance elle-même est moins nocive que la cigarette et l’alcool et qu’elle peut en plus être bénéfique puisqu’elle est transformée en médicaments et prodiguée comme complément de soin à une dizaine de maladies (dans plus d’une vingtaine de pays de part le monde).
La cigarette et l’alcool font des dizaines de milliers de morts chaque année dans ce pays alors qu’elles se vendent légalement et que l’Etat encaisse des taxes astronomiques grâce à elles. Le cannabis, qui ne fait absolument aucun mort ni en Tunisie ni de part le monde, rempli les prisons à hauteur du tiers de la population carcérale environ. Les substances qui tuent remplissent les comptes de l’Etat et une substance qui soigne envoie son consommateur au moins un an en prison (la peine étant de un à trois ans). Des institutions carcérales communément considérées par les autorités elles-mêmes comme surpeuplées et globalement considérées par les ONG internationales et les observateurs tunisiens comme extrêmement difficiles à vivre et comme usines à créer des frustrations sociales et des tentations extrémistes.
L’application souvent zélée et liberticide de cette loi rétrograde (Adnène Meddeb et Amine Mabrouk ont été condamné à un an de prison pour simple possession d’un paquet de feuilles à rouler) par un Etat se disant « en guerre contre le terrorisme » qui ne sait pas ou ne veut pas savoir que le djihadisme contemporain (type Daech) est né et prolifère en prison est au mieux de l’inconscience d’Etat, au pire de la complicité avec la diffusion de la pensée djihadiste.
Nous ne soutenons pas Atef Maâtallah, Fakhri El Ghezal et Ala Eddine Slim parce qu’ils sont parmi les artistes tunisiens les plus intéressants, talentueux, prometteurs et distingués de leur génération, ni parce qu’ils ont offert à ce pays infiniment plus qu’il ne leur a offert en retour, nous les soutenons car ils sont victimes d’un fiasco policier les prenant pour des terroristes puis justifiant ce fiasco par l’accusation fallacieuse de consommation de cannabis. Nous les soutenons parce que le rapport de police est rempli d’inexactitudes, de contradictions et de pièces ajoutées au dossier par miracle une heure avant l’audience alors que les prévenus étaient incarcérés depuis 19 jours.
Nous les soutenons car ils sont victimes d’une loi vieille de 23 ans qui remplie les prisons d’innocents pour les transformer en criminels ou en terroristes puis les relâcher pour qu’ils remplissent les rues de violence. Nous les soutenons et soutenons sans exception tous les consommateurs détenus à cause de la Loi 52 car les statistiques officielles fournies par les Etats et les études sérieuses et de longue haleine menées par des scientifiques éminents, prouvent sans l’ombre d’un doute possible aujourd’hui que le cannabis est une substance infiniment moins nocive sur le plan de la santé publique mais aussi de l’équilibre personnel que des dizaines de produits et de médicaments vendus en toute légalité dans les commerces et les pharmacies.
Nous soutenons les milliers et les milliers de victimes de cette loi inique et absurde et demandons à ce que les promesses électorales du parti au pouvoir et du président en exercice soient respectées immédiatement en ce qui concerne la refonte totale la révision à la baisse de la Loi 52 en bannissant l’incarcération des consommateurs et en concentrant les efforts de l’Etat contre les réseaux, les trafiquants et les barons de la corruption et de la drogue plutôt que contre les simples citoyens qui consomment ce qui se vend à tous les coins de rues".
Tunis, le 12 décembre 2015
Le comité de soutien à Fakhri El Ghezal, Ala Eddine Slim & Atef Mâatallah
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